– littérature

Ella Balaert, Mary pirate, présentation

   Ella Balaert

Mary pirate, roman

Poche: 123 pages

Editeur : Zulma 2001, Zulma poche 2004

ISBN-10: 2843042747 

Résumé : Roman d’aventure et récit d’une quête identitaire. Ce texte raconte la vie de Mary Read, flibustière, qui  vécut au début du XVIIIe siècle. Contrainte par sa mère à endosser l’identité et l’apparence d’un frère mort à sa propre naissance, Mary grandit masquée, agit en garçon, s’engage dans l’armée et combat comme un homme. Puis c’est le départ vers l’Amérique. Et la rencontre, en plein océan, avec les pirates. Mary Read ou comment, d’un destin imposé, faire une route vers la Liberté.

Prix de Picardie, Prix des lycéens du Grésivaudan

Bande annonce du spectacle Mary pirate, adapté du roman par la Cie des pieds bleus (Figeac, 46)https://www.youtube.com/watch?v=du-sHdyhJDgimage teaser MPirate

contact:  cielespiedsbleus@gmail.com

Adaptation et Jeu: Hélène Poussin

Mise en Scène: Pierre Sarzacq

Création lumière et Scénographie: Cyrille Guillochon

Costumes : Béatrice Laisné, construction des décors: Fanny Mas

Presse:

-Vingt ans après la parution de ce roman, en 2021, un article de C. Villa, libraire au Chapelier Lettré: « La romancière … veut la Mary intime, humaine, obscure, à la frontière des genres. Le texte est d’une beauté à couper le souffle, exigeant et emporté, libre et lyrique.

Dans un style nerveux et élégant, Ella Balaert trace le portrait de ce « garçon manqué dont on fit une fille guère mieux réussie » tout en menant, en creux, une réflexion pleine de finesse sur le thème du double et de la quête d’identité : Carole Vantroys, Lire, sept 2001

–  Mary pirate est un premier roman extrêmement bien écrit. Pour un peu, on se croirait chez Faulkner. Jetez-vous sans hésitation sur ce court récit:  Delphine de Malherbe, Elle, sept 2001 .

– Roman original  qui mêle avec truculence les aventures en mer et une réflexion sur l’usurpation d’identité…: Elle, mai 2004

Mary Read est une femme incroyable…l’auteur nous fait pénétrer dans l’intimité de ce personnage qu’elle s’est approprié…: Femme actuelle, mai 2004

– …roman subtil, qui explore les rivages de la femme en ces temps où il fallait se déguiser en homme pour avoir le droit d’être libre…: lelitteraire.com, avril 2004

– …premier roman d’Ella Balaert qui, sur le thème du double et de l’identité, restitue quelques uns des moments de la vie d’une authentique flibustière du XVIIIème siècle : Le monde des livres, avril 2004

On se laisse aussi emporter par une langue d’une violente délicatesse. Mary pirate est un voyage flamboyant dans un univers insolite et méconnu, et certainement le roman le plus chavirant de cette rentrée : Bernard Babkine, Avantages, nov  2001

– Ce roman réussit, en peu de mots, à créer un climat rare où les pires extravagances demeurent plausibles, réelles. Effet, sans doute, de l’étonnante maîtrise de l’écriture et de la composition romanesque:  Notes bibliographiques, nov 2001 

un texte qui tranche singulièrement … (Ella Balaert ) est parvenue avec un rare talent à faire coexister la profondeur sensible avec les mots et les images repris de l’aventure : Xavier Houssin, Point de vue, dec 2001 

Plus tourné vers l’imaginaire, Mary pirate, d’Ella Balaert (Zulma), est une étonnante reprise d’un mythe, modernisé par sa représentation féminine et surtout par une écriture (à l’opposé des reconstitutions historiques habituelles, linéaires et ampoulées) qui réussit à ménager le plaisir de cet univers particulier aux récits de mer:  Pascal Jourdana, l’humanité, oct 2001

Zulma…défend plus que jamais la jeune littérature, notamment avec le premier roman d’Ella Balaert : Olivier Le Naire, l’express, août 2001

Nul doute que cette belle et triste aventure de deux sœurs pirates au milieu d’un univers rude et sans pitié suscitera des échanges passionnés: Frédéric Garat, Phosphore, sept 2001 (« Auteur du mois »)

Dans un Mary pirate paru en 2001 aux éditions Zulma, la Française Ella Balaert faisait vivre l’aventurière de son titre avec une belle fougue sensible, tenant son récit dans le vent de rêves, passions, blessures de haute mer et de stricte intimité…avec une justesse de voix qui nous avait alors séduit….: Pascale Haubruge, Le Soir, 25 fev.2005. ..    roman chahuté par plus d’une tempête. Une épopée à suspense servie par une écriture sans cesse en mouvement. Une histoire qui interroge sans se bercer de théorie la nature féminine:  Pascale Haubruge, Le soir, sept 2001

phrases courtes et simples, sens du dramatique : Claude Aziza, Nouvelle revue pédagogique, mars 2002 

sujet judicieux, maturité de l’écriture, finesse descriptive : D.H. Le matricule des anges n°37

–  ce récit n’a rien à envier aux grands romans du XIX ème  siècle…style limpide : Jérôme Béglé, le figaro littéraire, nov 2001

formidable bouffée d’air pur : Claude Mourthé, magazine littéraire,  janvier 2002

c’est de la recherche de l’identité sexuelle que traite Ella Balaert dans sa belle histoire de pirates, Mary pirate : C.F. , Livres hebdo, juin 2001

le prix de l’originalité revient à Ella Balaert pour Mary pirate (Zulma), récit de la vie d’une femme pirate : Marianne Dubertret, La vie, sept 2001

il faut oser changer de genre. Ella Balaert, auteur de livres pour enfants et de recueils de nouvelles, embarque ses lecteurs dans un roman de cape et d’épée…avec ferveur, elle redonne vie à Mary : Chloé Radiguet, Côté femme, sept 2001 …fiction foisonnante …un talent que ne renierait pas Alexandre Dumas…: Côté femme, mai 2004

– Mary pirate, roman riche et original…plus qu’un récit de mer, ce roman est celui de la double identité et de la difficulté à vivre cette ambiguïté…:  Page des libraires : « coup de cœur »

–  (Mary et Anne) auraient pu être rivales, elles s’uniront pour être les premières femmes combattantes et libres au milieu des très rudes frères de la côte…:  Notre temps, nov 2001

Rapide, nerveux, enlevé, ce premier roman sort des sentiers battus de la mode… : Louise L. Lambrichs, Vient de paraître n° 7, dec. 2001 (Bulletin des Affaires étrangères)

nous retenons de ce roman une sensibilité particulière, une écriture personnelle et captivante : B Moreau, Axelle, oct 2001

roman intense et fiévreux:  Biba, dec 2001

très beau premier roman…texte d’une étonnante modernité: Justerini brooks, Untel, nov 2001

le premier roman d’Ella Balaert estunbijou aux facettes finement taillées qui marque …la naissance d’une vraie romancière…écriture à la fois très précise et belle : Jean-Louis Kuffer, 24 Heures, nov 2001 

formidable portrait de femme…style sobre et relevé…:  Têtu, dec 2001 

le style très vivant restitue la vérité d’une époque : Marie Kelly, Polystirène 

Ella Balaert signe avec ce récit biographique  plus rêvé que romancé un premier roman habile et hardi dans sa construction, aussi bref que dense  I. M-C, Sud ouest dimanche, nov 2001

Ella Balaert aborde aujourd’hui un style différent, tiré du monde de la flibuste, pour émouvoir les adultes : Michel Lalande, le courrier picard, 28 sept.2001

Ella Balaert travaille au pinceau impressionniste : par touches, effleurant les cris, les malheurs, les injustices, pour donner, au final, un très juste portrait d’une époque:  Jacques Lindecker, L’Alsace, oct 2001

des pages dures mais une écriture prenante….:  Guy Perraudeau, L’Echo de l’Ouest, oct 2001

Ella Balaert fait preuve d’une concision et d’une capacité de concentration sur son objet assez impressionnante. Nourri, calibré, Mary pirate rappelle ces nouvelles d’Hémingway…étude psychologique extrêmement convaincante… : Stéphane Malterre, urbuz.com, sep 2001

plume d’aujourd’hui infiniment moderne…romanesque à l’état pur… : Monique Neubourg, 25-35.com, sept 2001

grande réussite…texte bref et surprenant : Bernard Quiriny, chronicart.com, oct 2001

Avec beaucoup de brio, l’auteur nous plonge dans les mystères de la féminité, du double et de l’identité. Les décors et l’action reflètent parfaitement la signification d’une quête initiatique:   Marcel Cordier, L’Echo des Vosges, janvier 2005

Pour en savoir plus: 

  • Chronique audio par Josiane Chérieux de radio Zinzine, 19 juin 2004, (9’18’)
  • France Inter, Dépayages, émission de Philippe Bertrand (25 janvier 2002)
  • France 2: Un livre, émission de Monique Atlan ( 3 septembre 2002
  • Entretien avec Zulmazine:Trois questions à Ella Balaert, auteur de Mary pirate:

Z: La plupart des premiers romans sont à caractère autobiographique. Pas le vôtre. Pourquoi ?

EB:Beaucoup de livres parlent déjà de « moi ». Place aux autres, à l’aventure, à l’histoire rêvée, à l’imaginaire.

Z: Mary Read a semble-t-il existé. Pourquoi l’avoir choisie comme sujet d’un roman ?

EB:La première fois que j’ai rencontré Mary Read, c’était sous la plume de Borges, qui en faisait une figure de l’« infamie » universelle. Cela m’a plu. Femme infâme, très politiquement incorrecte, marginale – sous ses déguisements d’homme – au sein d’une société elle-même marginale – les pirates – je ne sais si heureuse ou désespérée de son sort, en tout cas très familière, d’emblée.

Z:Votre roman « historique » est-il une façon de mieux explorer l’évolution de l’univers féminin ?

EB: Roman historique ? Plutôt une « vie imaginaire », quelques moments d’un parcours que j’ai choisi d’organiser autour d’une quête d’identité : je ne vois pas en Mary une militante, une féministe, mais quelqu’un qui se débat dans une grande confusion d’identités et de sentiments. Pour soutirer quelques sous à une vieille femme, elle adopte, dès son enfance, une identité qui n’est pas la sienne mais celle de son frère mort ; elle revêt des habits qui ne sont pas de son sexe ; plus tard, toujours travestie, elle s’enrôle dans des sociétés viriles, l’armée, la piraterie, où elle n’a pas sa place. Voilà quelqu’un qui n’a pas lieu d’être, à tous les sens de l’expression. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait partagé les aspirations utopiques des pirates, mais sa révolte est tripale, essentielle, plus absolue que la leur. Habitée par des fantômes, femme sans nom qui lui soit propre, elle n’a d’espace habitable nulle part, ni dans sa famille, ni dans aucun milieu (institution ou contre-institution), ni sur terre, ni sur mer. En cela, elle excède ce féminin qui, par tradition et d’aucuns disent par nature, se pose d’autant plus en un lieu que la femme est elle-même un espace de vie. Alors parlera-t-on d’évolution du féminin ? Je ne sais pas. L’éprouvant désir d’exister par soi traverse les âges. Il prend chez Mary la forme, peut-être moderne, en tout cas tragique, de l’ambivalence, elle y puise une énergie peu commune. Elle en vit, elle en tue, que ce soit au bout de sa rapière ou au fond de son ventre, elle en meurt.

  • Extraits:

« -Mary! Mary, où te caches-tu encore? Allez, sors de ton trou, j’ai quelque chose à t’annoncer.

Mary a quatre ans, des cheveux dans les yeux, un caleçon flottant et une blouse terreuse. Elle quitte l’arbre creux, son domaine. Le tronc est rongé à sa base, ce qui ménage une cavité, tapissée de mousses et de champignons,largement suffisante pour l’accueillir. Elle suit sa mère sur le chemin qui les ramène chez elles, traînant du sabot et tapant dans les cailloux du sentier.

– Nous allons quitter la campagne et vivre à Londres.  C’est une très grande ville, tu verras, avec des gens bien habillés, de belles maisons de bois. il y a même un fleuve et un pont, avec des boutiques. Je te promets que nous irons nous y promener. Alors,  tu es contente?

Mary ne sait pas. L’insistance de sa mère à la vouloir heureuse est suspecte. Cela doit cacher quelque chose.  – Seulement, poursuit sa mère. Il y a une condition.

Nous y voilà. Mary n’écoute plus. Elle pressent cela depuis longtemps déjà. Depuis que son frère est mort et que sa mère a commencé à les confondre. (…)  »

« – C’est pas un homme, mais c’est pas une femme non plus, votre Excellence, c’est une sorcière! Je l’ai vue soigner un moribond qui était atteint de la maladie des marais: elle lui a donné de l’écorce de cinchona qu’elle a préparée je ne sais trop comment, eh bien, il a guéri!

– C’est vrai, j’ai croisé son navire, un jour de tempête, elle était attachée à la proue, un fouet à la main pour dompter les éléments, quatre fois elle a chanté, alors les vents se sont noués en une grosse gerbe de feu et devant leur bateau, rien que pour eux, la mer s’est calmée.

– (…) je l’ai vue tirer sur ses propres compagnons qui ne voulaient plus se battre, comprenez, ils en avaient assez qu’elle en voulait encore ! (…)

– C’est une femme, votre Excellence, mais une femme sans honneur, sans éducation et sans morale. Une femme cruelle, qui vole par principe et qui tue par plaisir. Une femme qui fait honte à son sexe.

– Une anglaise qui fait honte à son Roi.

– Un monstre qui fait honte à l’humanité.

 » La pierre transpire, où Mary est allongée, malade, sur sa couche. Elle recueille une goutte qui perle au mur et la goûte: c’est un peu salé. Il y a si longtemps que Mary n’a pas pleuré, elle avait oublié le goût des larmes. C’est celui de la mer. L’eau de pierre est moins bonne que l’eau de feu, mais elle se laisse boire. Mary lèche le mur. Elle a froid et soif.  (…) Elle ne méritait pas de vivre. C’est le garçon qui devait vivre, son frère, c’est lui, pas elle, pas Mary, qui devait vivre et c’est lui qui vivra, elle le sent jour après jour qui grossit dans son ventre, qui bouge, qui tape, qui appelle, qui veut enfin sortir, après tant d’années de gestation, qui se révolte plus et mieux qu’elle ne s’est jamais révoltée, c’est lui qui vivra et elle, Mary, qui mourra, pas de la main d’un bourreau, pas de la justice des hommes, elle mourra de l’enfant qui veut naître et qui portera, enfin légitime, le prénom qu’elle a si longtemps usurpé. Qu’il reprenne ce nom: c’est elle qui ira s’étendre dans la boîte enterrée, non loin de Londres, au fond du champ de blé. »

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