Ella Balaert, Compte rendu de l’atelier Traces, signes, empreintes
J’ai animé quelques années avec plaisir cet atelier initié par un prof de français, Catherine Teisseydoux, qui possède au dernier degré une qualité rare: la bienveillance. Seule la route m’a découragée de poursuivre l’aventure: trop d’heures passées seule en voiture, à suivre les routes grises et noires de l’Aisne – l’hiver, la nuit tombe tôt – et à traverser des villages-rues derrière des camions qui me bouchaient la vue.
Cette année, le thème retenu était : « Signes, traces, empreintes ».
Point de départ, ancien, très ancien même, quelques traits sur un mur de caverne, une esquisse, une griffe, à l’aube de la geste humaine, pour dire qu’on est, et même une signature, pour dire qui on est.
Point d’arrivée : un joli recueil de textes d’enfants, parcourus d’empreintes malhabiles, dessinées à l’encre, pattes d’oiseaux et d’ours, traces de canard ou de chiens grâce à l’active et créative complicité du prof d’arts plastiques…
Entre les deux, l’écriture, signe parmi les signes, signe sur les signes, pour faire sens, ou simplement pour jouer, pure spéculation, jeux de miroir. Car toute trace est bonne à l’appropriation littéraire: une lettre, un graffiti, des initiales sur un tronc; des syllabes, des mots déchirés, perdus, blessés, retrouvés; un tatouage, des scarifications et autres gravures sur peau.
Les années précédentes, le groupe était composé d’enfants volontaires, de la 6ème à la 3ème; cette année, plus de la moitié des enfants présents ne l’étaient pas par choix, mais par obligation, en réponse à une forte sollicitation (de qui ? les parents ? l’administration ?). C’est sans doute le signe que nos « interventions » sont de plus en plus instrumentalisées: on ne sait jamais, des fois que l’atelier leur apprendrait, au moins, l’orthographe !