Ella Balaert, atelier d’écriture: les couleurs (Tergnier)
Que serait un monde sans couleurs ?
L’hiver, la route qui mène à Tergnier est grise, à peine verte à l’aller ; noire au retour, à peine trouée de phares jaunes : ça fait du bien, en arrivant là-bas, de voir la vie en rose (moins à la manière de Piaf que de Baudelaire).
Mon roman pour enfants, Les passions de Johan (dans lequel un personnage se teint une mèche en bleu) a donné lieu à une lecture.
Puis nous nous sommes plus à composer des récits autour de personnages noirs (ou rouges, ou bleus) et d’événements roses (ou jaunes ou verts..), peignant la palette des sentiments humains de toutes les couleurs de la vie –et parfois de la mort-
D’emblée très amusés, les enfants ; puis salutairement déroutés, mais toujours tout joyeux – et à 6 heures du soir, quand tous les copains sont déjà devant leur télé ou dans un bon bain chaud, ils ont du mérite ! Ils ont entre 11 à et 14 ans, à peu près, ne se connaissent pas très bien (ils viennent de plein de classes différentes) mais un petit peu quand même . La plupart, sauf les 6ème bien sûr, participaient à l’atelier de l’an dernier, et surtout, ils sont tous volontaires : de là cette alchimie particulière, que l’on ne rencontre pas toujours dans les ateliers imposés à des classes entières par leur prof en titre.
Alors bien sûr, je ne joue pas les rabat-joie. Je fais même un peu le clown. Ils auront bien le temps d’apprendre plus tard, s’ils continuent, que l’écriture n’est pas toujours aussi drôle qu’il y paraît ici ! On n’a qu’une enfance (même de l’art).
Je les ai donc laissés très fiers, la dernière séance, quand sonna l’heure de lire les textes, à voix haute, devant les copains –précédant de quelques mois celle de dédicacer pour les parents, les journalistes locaux et les curieux du collège, les plaquettes où ils auront rassemblé tous leurs écrits.