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Ella Balaert, Quand on a dix-sept ans (roman) : présentation


Illustratrice : Yasuko

Rageot Romans

Format poche

Parution : 13 mars 2013

192 pages

Prix : 6.45 €

ISBN: 9782700239522

Résumé:

Roman choral:  dix tranches de vie,  dix jeunes de lycée,  sur  dix mois,  le temps d’une année scolaire.

Chaque chapitre se focalise sur un des membres  du groupe, vu de l’intérieur, tandis qu’il revient dans les autres chapitres, vu à travers le regard des autres.

Les peurs, les rêves, les désirs de chacun,  avec en arrière – plan cette question : est-ce qu’on n’est pas trop sérieux, quand on a dix-sept ans ?

  

Merci aux jeunes filles de troisième du collège F. Villon de Walincourt-Selvigny (59), qui m’ont fait la très émouvante surprise de m’offrir une

vidéo (ici)

qu’elles conçue et réalisée à partir du roman Quand on a dix-sept ans, en avril 2009. Merci aussi à leurs professeurs, Laurence Margollé, Valérie Decaudin, et à Delphine Baré, documentaliste

Presse:

« Cette petite troupe d’adolescents, fragiles, mais vivants, au seuil de l’âge adulte et de l’amour… est prise aux rets du réel avec ses chassés-croisés affectifs…Un livre où les ados se reconnaîtront, … mené d’une écriture simple mais efficace et exigeante, sans jeunisme racoleur. Un roman porteur de débats, sans morale, mais porté au contraire par un regard juste et bienveillant et un certain optimisme ».  Dominique Baillon-Lalande, Encres Vagabondes, 14/02/08.

« Ils ont dix-sept ans, vivent leurs expériences habillés de leur chrysalide adolescente…Ella Balaert dépeint leurs sentiments contrariés, confus, tranchés, comme des bulles qui montent à la surface, se mélangent, éclatent à faire rougir…Une galerie de portraits pour s’y mirer, de loin ou de près. » E.L. Le Courrier Picard, 12/0202008

« Qu’ils soient fragiles ou insolents, lumineux ou effacés, ces jeunes gens sont les témoins d’une époque qui mélange gravité et futilité. Ella Balaert dresse le portrait de jeunes gens d’aujourd’hui…Tour à tour drôle, attendrissant ou oppressant, le ton suit l’émotion des personnages. Les regards s’entrecroisent et les destins se scellent.». Amélie Mondésir, Lecture jeune, décembre 2007

« Il y a Jennifer. Et aussi Guillaume. Parfois c’est Farid. Ou Erwan. Ou encore Romane… On ne connaîtra rien en détail, mais, au bout, la fresque prend forme. Plus que la vie des personnages, ce roman peint l’ambiance d’une année de bac. Les chemins qui se côtoient  ou se séparent. Subtil et nuancé ». D.D.  Librairie La licorne, Libbylit, janvier 2008

22 mars 2013,   L’avis de Ricochet (Catherine Gentile) :   « Ella Balaert capte avec justesse le temps de l’adolescence, où l’on est à la fois fragile et fort, où l’on attend et où l’on déploie une énergie inouïe. C’est un temps délicat, où tout peut basculer, où le fil de la vie peut se briser et où l’on s’essaie à l’amour. Entre légèreté et gravité, le roman, bien écrit, se lit avec intérêt. http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/47892-quand-on-a-17-ans

« Ces chapitres qui sont autant de petites nouvelles abordent de différents points de vue la vie d’un groupe de lycéens. Ils ne viennent pas des mêmes milieux sociaux, n’aspirent pas au même avenir, ne pratiquent pas les mêmes loisirs mais se cherchent et cherchent l’âme sœur. Une écriture juste pour cerner ces caractères et sentiments » . zazimuth, le 08 mars 2012

« J’ai vraiment adoré l’idée des petites nouvelles on a pleins de personnages à qui s’identifier, et on peut en aimer certain, en detester d’autres » Clara_Book, le 27 novembre 2012

Extraits:

Romane:

« Romane avait commencé son blog en octobre. Halloween, c’est une bonne période. Le choix de son pseudo ne lui prend qu’une minute : ce sera Angie. Il ne lui manque que les ailes. Et l’innocence aussi. Romane est une jeune fille sage, sans problème, ses parents disent sans histoire, quand ils parlent d’elle. Angie sera l’inverse : un ange, déchu. »

Pierre:

« Il entendait ses parents parler de lui. Parfois devant lui, à la troisième personne, comme s’il n’était pas là ; d’autres fois, dans la pièce à côté.

  • Tu as vu ses yeux? Rouges, exorbités: notre fils devient un mutant!
  • C’est normal, il ne dort plus. Il joue, il joue, jusqu’à deux, trois heures du matin. L’autre jour, je me suis réveillée, il était deux heures et quart, je l’ai trouvé devant sa bécane.
  • Il ne dort plus et il ne parle plus non plus. Il se renferme…A peine s’il baragouine trois mots de ci de là.
  • Et encore, faut voir les mots. « Vas-y, envoie une flash ! allez, on y va, on se le cut!
  • Ouais, on  se plaint du langage MSN, mais là, c’est pire!
  • Moi je dis, c’est de l’addiction. Ni plus, ni moins.
  • Tout ça pour quoi ? Zigouiller un maximum de gens en un minimum de temps ! Pan! Pan! tu parles d’un objectif !
  • Il y en a, des jeunes, aux Etats Unis, ils ont pété les plombs. Ils ont piqué une arme et ils ont descendu tout le monde dans une école.
  • Qu’est-ce qu’on peut faire, chéri, mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
  • Peut-être qu’on devrait voir un psy.

Et ça durait, ça durait, du matin au soir, la litanie des inquiétudes. Pierre allait devenir bête. Décervelé. Tumoré du citron. Obsédé de la mitraille. Hyper violent. En général, il n’écoutait pas toute la conversation. Il craquait au moment où ses parents le citaient, d’un ton ironique. Dès qu’il entendait ses mots par leurs voix, il enfilait son casque et bye bye la compagnie. De toute façon, ils critiquaient sans savoir. Ils ne cherchaient pas à quoi ça correspondait, « flash, cut » etc… Ils étaient prêts à lui payer des cours pour qu’il améliore son anglais, mais là, évidemment, que ce soit de l’anglais, ça devenait un problème de plus. Ça s’appelle de la mauvaise foi. Il n’y avait pas de discussion possible. Il n’ironisait même plus sur le fait que ses parents allaient décerveler Mathilde en lui apprenant à jouer à la bataille. Ou qu’ils la rendraient hyper violente, tendance cannibale, en lui racontant, dans Le petit chaperon rouge, comment le loup se régale en croquant la grand-mère. Ça n’a rien à voir, répondaient-ils. Et quand ils jouaient aux échecs, et que son père lançait, tiens, je te bouffe ta reine, Pierre se contentait de ricaner d’un air entendu. Mais enfin, ça n’a vraiment rien à voir, Pierre mélange tout, soupirait son père.

Erwan:
« Erwan tente de rassembler les morceaux de mémoire qui se déchirent dans son crâne. Il est, quoi, une ou deux heures, à peu près? Ou plus. Ou peut-être moins.  Erwan a quitté le cours de maths.  Fabiola l’a viré. Erwan ne sait plus trop pourquoi. Peut-être qu’il a répondu à la prof, une folle celle-là de toute façon. Ou peut-être qu’il a pas répondu, justement. Enfin il s’est fait virer, ça, c’est sûr. Et après, il  ne sait plus.

Il essaie de se relever. Une sensation épaisse, écrasante, d’étourdissement le contraint à renoncer. Sa tête! Elle pèse une tonne.  Et ça martèle et ça  cogne là-dedans, pire que le tambour des galériens. Ces tenailles autour de ses tempes, c’est quoi, ça, des serres d’aigle, des mâchoires de bulldozer? Putain c’que ça tourne, il y a personne qui pourrait dire à cette putain de terre d’arrêter de tourner? »

Guillaume et Camille, Alex et Inès:

« Camille jette son manteau sur le lit des parents, elle dépose sur la table sa contribution à la fête, une salade orange et rouge, un mélange artistique de betteraves et d’agrumes, mais déjà son regard bat la salle, déjà il l’explore à grands traits désordonnés, en fouille les angles obscurs, traversant les danseurs isolés,  ignorant les groupes, Salut Camille, ça va, tiens  tu es là, ça va bien ? Camille répond, hoche la tête, retourne poliment les questions. Les lèvres de Camille sourient, mais ses yeux cherchent. Alexandre, Alex, où est-il ? Elle croit le voir dans un garçon qui traverse la pièce, elle crie son nom à un autre, assis dans un recoin. Quelqu’un lui propose un verre de bière. Jérôme, peut-être, ou Jules. Elle s’en saisit sans gratitude et le boit sans soif. Elle a oublié qu’elle n’aimait pas la bière. Toute sa personne, en  mal d’Alex, est tendue dans sa quête. Une silhouette blanche se découpe dans l’embrasure d’une porte. Cette fois, cette fois encore, mais cette fois vraiment c’est lui. Il est sorti dans le jardin. Dans la nuit, dans le brouillard qui tombe. Elle se précipite à sa suite. Elle n’a pas remarqué Inès, aux côtés d’Alex, qui rit, accrochée à son cou.

Guillaume a vu arriver Camille. Il était en train d’écouter Pierre raconter ses performances à un jeu de shoot, lorsqu’elle est entrée. Il l’a vue chercher quelqu’un du regard. Lui, Guillaume, peut-être ? Lui, sans doute : elle aura su, elle aura deviné qu’il n’était là que pour elle, ce soir. Les filles ont ces intuitions. Guillaume détourne le regard. Il n’a pas besoin de la regarder pour la voir. Pas besoin de la voir pour savoir qu’elle est, sous son débardeur noir,  sublime. »