– littérature

Fictions de rue (16) : La Bête

Pantonio- Paris

Il ne l’a pas vue arriver. Elle a glissé dans l’entre-deux eaux de la houle humaine, la Bête. Elle a enfilé son costume d’algues et ondulé vers lui, qui ne se méfiait pas. Naïf, non. Mais indisponible. Les Bêtes, ça n’existe que dans les histoires pour gosses insomniaques. Il avait autre chose à faire qu’à s’en laisser conter. Il avait des affaires à chiffrer, des choses à vendre, des guerres à déclarer.

Depuis le matin, la Bête allait venait parmi les hommes. Elle glissait entre les doigts qui, parfois, tentaient de l’arrêter. Par les yeux, par les oreilles et par l’âme, elle pénétrait les corps indociles. Elle fit que tous, riches et pauvres etc, fussent marqués au cœur de son signe.

Au soir, lui seul elle n’avait pas visité. Il ne l’a pas sentie arriver. Quand elle fut en lui, il vit le monde avec ses yeux. Des bâtiments entiers avaient disparu. Des humains aussi. L’air ondoyait en légers remous, verts et tranquilles. Il lui sembla qu’il respirait mieux.

La Bête avait accompli son œuvre. Rien ne l’agaçait davantage que la Bêtise humaine.  A présent elle avait faim. Elle s’en retourna tout au fond des Abysses chercher de quoi se nourrir dans les histoires pour gosses insomniaques.

 

Paris – Pantonio

Une Réponse

  1. Le répertoire des mythologies n’était donc pas encre clos!

    9 février 2016 à 02:41

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