Fictions de rue (11) : A la trace
Il l’aime.
Il n’est pas pervers, il n’est pas porté sur le harcèlement, au travail, tout le monde pourrait en témoigner, ce n’est pas un voyeur. Mais c’est sa fille.
Et il l’aime.
Il veut son bien, son bonheur, le meilleur pour elle. Il veut la protéger, partout, de tout et d’abord d’elle-même, c’est bien le rôle d’un père, non ? Aider sa fille à grandir, à résister aux tentations. Un bon père est un passeur, il doit transmettre ses valeurs, comme qui dirait les transfuser à ses enfants. Il a travaillé toute sa vie, et ça, c’est un héritage. Et puis personne n’est sur terre pour s’amuser, est-ce que sa mère en a pris, du bon temps?
Qu’elle l’écoute, Laura. Il est Celui qui l’a créé, il sait, mieux qu’elle. Et il l’aime. C’est parce qu’il l’aime et ne veut que son bien qu’il sème ses petits mots sur de petits papiers partout, comme autant de cailloux blancs qui finiront bien par la ramener à la maison, sa fille.
Déjà cinq ans qu’elle a fugué, sans même passer son bac, en sautant par-dessus le mur du jardin.
Berlin – Thierry Noir
saisissant !
21 janvier 2016 à 09:40