Ella Balaert, George Sand à Nohant: drames et mimodrames (Belin, 2012):présentation
Editeur: Belin, coll De l’intérieur
Mars 2012
ISBN: 978-2-7011-5982-9
12€
Résumé:
Une femme se fait enfermer à Nohant, après l’heure des visites touristiques. La nuit tombe, des voix se lèvent avec la lune: le fantôme de Sand sort de sa tombe; Pierre Balandard, la marionnette créée jadis par Sand et son fils Maurice, reprend vie, grandeur nature, pour raconter à la visiteuse, au fil des pièces de la maison, certains des épisodes – pas toujours très connus, mais à mes yeux fondateurs de l’identité sandienne- que ces murs ont connus: l’enfance d’Aurore Dupin en proie aux déchirements, entre drames enfouis et rires étouffés; la vie de George Sand adulte, femme, mère, écrivain, toujours en quête d’Idéal.
Drames et mimodrames: ou comment la jeune Aurore, née sous le signe du double, a fondé son identité, à Nohant, dans la mise en scène de soi.
« Pierre balandard, sacré bonhomme… Mais oui, c’est bien toi, avec tes bésicles, ta chaîne de montre et le gros noeud blanc de ton écharpe… » (p.9)
Pour écouter un entretien sur France Inter avec Brigitte Patient, dans son émission « Emmenez-moi » du 10 mai 2012: http://www.franceinter.fr/emission-emmenez-moi-a-nohant-chez-george-sand-avec-ella-balaert
« l’écriture d’Ella Balaert est polymorphe »
http://www.franceculture.fr/oeuvre-george-sand-a-nohant-de-ella-balaert
Encres Vagabondes, Sylvie Legendre-Torcolacci (29/06/12): « La voix de Balandard fait revivre les lieux et les personnages, comme si un tableau s’animait. Les plus grands artistes romantiques se retrouvent chez George Aurore dans une étonnante simplicité et avec beaucoup de naturel (…) une écriture aux confins de la biographie, du théâtre et du fantastique, où se mêlent les voix chères à George Sand pour recréer si bien l’intimité de cette femme hors du commun. » http://www.encres-vagabondes.com/
Le Courrier Picard: « Ella Balaert signe une biographie hors norme de l’auteur berrichon. Au-delà du simple récit historique, elle pénètre la vie et les sentiments de Sand. » Magali Mustiolo-Hercé, sept 2012
Le choix des libraires: http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-118358-george-sand-a-nohant-drames-et-mimodrames.htm#356327
Non-fiction.fr: http://www.nonfiction.fr/article-5981-nohant_ou_lutopie_sandienne.htm , « L’ouvrage est construit autour de la succession de tableaux, au sens théâtral et presque pictural du terme, dont chaque décor est planté par une pièce de la maison et dont chaque scène donne à voir un aspect particulier de la vie de l’écrivaine (…) Dramatique, théâtrale, pittoresque, la vie d’Aurore-George l’est assurément. C’est ce qu’a su rendre Ella Balaert avec audace et discernement. » Marie-Clémence Régnier.
Oise Hebdo: « Pour ceux qui la connaissent [Sand], c’est un moyen de la redécouvrir d’une autre façon. Et pour ceux qui savent peu de choses sur elle, c’est l’occasion de connaître ce personnage unique. » Aurélien Demay, sept 2012
Leslivresdegeorgesandet moi: « (…) Sand est là, vivante, on la sent (…) on entend son accent berrichon, sa liberté de ton, ses accents autoritaires. J’en avais des frissons (…) Là aussi, Nohant est vivant, bruissant, les domestiques vont et viennent, les chiens nous passent entre les jambes (…) Ella Balaert a tout compris, c’est magistral. Elle nous donne le vrai visage de Sand… car ce roman n’est pas mièvre et doucereusement élogieux, il est souvent drôle, piquant, tout en étant sensible et intelligent (…) Il faut lire ce livre, et le faire lire car il dépoussière les lieux communs, il montre une George Sand moderne et vraie« . Anne-Claire Tessier: http://leslivresdegeorgesandetmoi.wordpress.com/2012/04/18/george-sand-a-nohant-della-balaert/
Les prolongements de JP Galibert: http://jeanpaulgalibert.wordpress.com/2012/04/21/camera-oscura-_____-______-_______-lire-balaert/
ANIMATIONS AUTOUR DE « SAND A NOHANT »:
J’ai pour l ‘œuvre et la vie de cette femme infiniment moderne une très grande admiration, que je partage au cours de rencontres en bibliothèques ou en milieu scolaire. Les thèmes en sont adaptables mais voici quelques pistes possibles:
- George Sand dans sa maison (je peux raconter la vie de cet auteur en commentant des images de sa maison, au sein d’une visite virtuelle, par exemple, ou pour accompagner, en amont ou en aval, une visite réelle)
- Modernité de George Sand, femme et écrivain (n’oublions pas qu’elle a fait partie du groupe fondateur de la Société des gens de Lettres)
- D’Aurore Dupin à George Sand
- George Sand et la Liberté (dans sa vie, dans ses textes)
- La quête de l’Idéal chez George Sand (dans sa vie, dans ses textes)
Pour plus de précisions sur les modalités concrètes de ces rencontres, merci de me contacter directement (voir page « Contact » de ce site) .
Au sommaire du livre:
Prologue (au cimetière)
Premier acte : le Nohant d’Aurore Dupin, ou les drames de l’enfance
- La chambre des parents : la vie ou la mort ?
- Au salon : aristocrate ou roturière ?
- La chambre de la grand-mère : mère ou grand-mère ?
- Chambres de Sand : le réel ou le rêve ?
- Le petit boudoir : Aurore ou George ?
- Salle à manger : Paris ou Nohant ?
Second acte : le Nohant de George Sand, ou la recherche de l’idéal
- Nohant : maison, ferme et château
- La table ovale du salon : l’idéal communautaire
- Le bureau de Sand : l’idéal littéraire
- Le pavillon du jardin : l’idéal amoureux
- Côté cuisine: l’utopie sociale et politique
- Théâtre de Nohant : un amusement idéal, le mimodrame
Bibliographie de/sur Sand: cliquer ici
Extraits et photos
Une visite virtuelle de la maison est proposée ici:http://www.georgesand.culture.fr/fr/li/panoramique/visite_nohant_360.html.
Mais voici, cher (e) lecteur(rice), quelques unes des images que j’avais en tête en écrivant le texte de « Drames et mimodrames à Nohant », dont sont extraites les citations. Sauf avis contraire, toutes les photos sont de moi. Je les ai prises à Nohant, au musée Sand de la Châtre et au musée de la vie romantique de Paris. Et les numéros de pages renvoient à mon livre. Bonne visite!
Le cimetière (Prologue): « Un if imposant veille » p.7 .
Portraits de famille (musée de la Châtre) Maurice de Saxe (musée de la vie romantique)
« – Oyez, claironne Balandard, un tambourin à la main, oyez le conte de fées d’Aurore Dupin, noble dame de Nohant! (…) Il était une fois un roi, nommé Auguste II. L’ancêtre de Sand. IL règne en terres de Pologne. Il est costaud, ardent, on l’appelle Auguste le Fort. (…)
Ah, Maurice de Saxe! Maréchal général des camps et armées de France, impétueux, intrépide, qui traverse les rivières à la nage, pistolet en main, sous les tirs ennemis…Mais c’est grande dissipation que sa vie…Et il fait comme papa Auguste, il abandonne la comédienne Marie Rainteau, dite de Verrières, enceinte d’une fille, Marie-Aurore… » p.24
Mère ou grand-mère? Sophie Delaborde ou
Marie-Aurore Dupin de Francueil?
« Tout les oppose, surtout ce qui les rapproche: Maurice, mari et fils à la fois. Chacune jalouse l’autre pour l ‘amour que Maurice lui a porté.Chacune veut pour soi, maintenant que Maurice est mort, l’amour d’Aurore, son enfant. » p.34
De la chambre d’enfant à la chambre bleue des dernières années… « Papier ou cretonne; murs, portières, rideaux du lit ou des fenêtres: tout est bleu ici… »
Il y a eu jusqu’à neuf épaisseurs de papiers peints, sur les murs de Nohant. « Les murs font comme un palimpseste. Une superposition de récits silencieux » p 47
« Balandard s’est assis au pied de son lit: Chut! Ne la réveillons pas. Elle a une sorte de crise, de vision, et quand elle est dans cet état, l’en sortir brutalement pourrait lui être fatal, comme un somnambule que l ‘on arrache à son état ou comme, plus tard, le personnage de Karine, dans L’homme de neige. C’est le papier peint qui en est la cause. Elle y voit la prêtresse jaillir hors du médaillon… » p.40
et son lit, où elle reçoit sa société, où elle convoque sa petite-fille Aurore, pour une explication traumatisante, et où elle meurt.
« Balandard désigne le grand lit à corbillard,vide: « Vrai, il porte bien son nom, ce lit, car c’est là qu’elle est morte, la grand-mère. Et pourtant, c’est là qu’elle s’installe, Aurore, après le décès de Marie-Aurore née de Saxe. Dans ce lit, dans cette chambre, où rares sont les bons souvenirs ». p.36
Le fameux secrétaire dans le boudoir du rez de chaussée: « une planche bricolée dans un placard, surmontée de petits tiroirs et fixée sur une charnière à piano pour qu’on puisse la relever… » p.50
« – Voilà, annonce Balandard avec emphase. C’est ici que tout s’est joué. La naissance de George Sand, pendant que ses enfants se reposent et que son mari fait des siennes dans la maison. Ici qu’elle médite de changer de vie, c’est-à-dire à la fois de changer de lieu pour aller vivre à Paris et de changer d’identité. Tu es là,George? (…) Eh bien, sache que je ne te crois pas du tout (…) On ne t’a rien imposé. C’est ici, dans ce boudoir, où tu écris et signes tes premiers romans en solo, que tu répètes, dès 1832, le rôle que tu joueras bientôt et toute ta vie durant, sur la scène de Nohant et la scène publique: celui de George Sand, écrivain.
Balandard continue, soudain grave.
– Car c’est sérieux, un changement de nom. Il faut plus qu’habiter son nom pour s’y sentir bien. Il faut ne faire qu’un avec lui. Se faire nom et que le verbe soit fait chair. Pour que le nom soit, bien plus qu’une peau, le corps entier, la tête, le coeur, les entrailles, la plénitude d’une mémoire arasée… » p.51
NB: j’ai arrangé la photo, supprimé des détails, ajouté les livres de Valentine et Indiana, un crâne un peu gothique, la tabatière…
Le salon
» Au centre de la France, il y a le Berry. Au coeur du Berry, il y a la Vallée Noire. Au mitan de la vallée, il y a Nohant. Le noyau de la maison, c’est ici, le salon. Et au milieu du salon, il y a une table. La fameuse table ovale de Nohant » p.77 (. photo d’après MCC/ Paimbaud)
Le théâtre
[Balandard parle de Sand à la narratrice/visiteuse]: « L’illusion théâtrale la console des désillusions de la vie.Vous savez pourquoi je crois qu’elle préférait ses marionnettes aux acteurs vivants? Parce que ce sont des acteurs sans corps. Ce sont des voix. C’est important, la voix, pour notre amie. N’appelle-t-elle pas l’écho la voix de l’air? C’est la voix qui crée l’illusion. Cela me rappelle ce qu’elle racontait de sa mère (…). La voix de la mère. La mère, si belle, qu’elle chantait comme un oiseau – en vraie fille d’oiseleur. La mère, si douloureusement absente, toute l’enfance de Sand, qu’elle n’était plus que cette voix. La voix, c’est la présence de l’absente » p.122
La cuisine:
« – Dites, elle vous gâte, la patronne, un fourneau avec des bacs d’eau chaude, un potager ergonomique, avec son sac à braises, pour chauffer les pots…
– C’est qu’ils font presque partie de la famille, les employés, intervient Sand, par la porte de la cuisine. Des Meillant, des Biaud, des Caillaud, on en a eu à notre service sur plusieurs générations. On les a mariés, on a fait de leurs enfants nos filleuls… « p.110
Romans et contes, rêve et réalité?
– Mais quand même, mon George, rassure-moi, tu n’y croyais pas, à tout cela? Les contes du chanvreur, les sylphes, le diable et le loup-garou? Toutes ces diableries et superstitions?
– Non-pas, bien entendu. Mais la frontière est poreuse, entre le le réel et l’imaginaire… Le fantôme n’est peut-être pas dans l ‘air. Il est peut-être seulement dans l’oeil qui le perçoit. Mais le fait existe. (…)
« – Tenez, ma petite dame, poursuit Balandard à mon intention, vous voyez par la fenêtre, ce qui galope sous les arbres?
J’ai beau scruter les sous-bois, je ne vois rien. Qu’une sorte d’autel en feuillages croisés, sur lequel grouillent quelques grenouilles, des lézards, et d’où s’envolent deux ou trois papillons.
– C’est normal. On ne le voit pas. Il est là, mais il n’y a qu’Aurore pour le voir: Corambé! » p.44
- Ecrire
- » La nuit, toutes les nuits. Jusqu’à quatre ou cinq heures du matin, et encore un peu l’après-midi s’il fallait honorer un contrat.
Sans cesse, sans relâche, jusqu’à mes soixante-dix ans passés, j’ai pioché, pioché… Le petit Buloz me relançait si je posais l ‘outil.(…) Je travaillais dur, tu peux me croire. Par passion et par nécessité. Deux enfants à élever, puis à doter, puis à entretenir de pensions, puis des petits-enfants, une maison avec tout son personnel et des invités à demeure, des pied-à-terre à Paris toute ma vie, des amis, quelques pauvres ici ou là, ça coûte de l’argent, et encore de l ‘argent, et toujours de l’argent ». P91.
Accablement. Qu’as-tu,Piffoël? (Sand, in Oeuvres autobiographiques)
- « Le monde, quelle pétaudière! (…) Je suis déçue. Tout me dégoûte. La poliltique me déçoit … ma fille répand sur moi des propos fielleux… mes serviteurs me trompent… je suis entourée de solliciteurs ingrats…il n’y a que la terre, ma bonne terre caillouteuse de Nohant qui ne me trompe pas » p114
- « C’est vrai qu’il n’y a que dans tes romans que les femmes sont fidèles. Parce que dans la vie…- Ah, cessez là, Balandard, vous m’ennuyez. Tiens, je t’en vouvoie, pour la peine. On dirait un vieux mari. Un amant possessif…. Quant à être fidèle, je l’ai été.- !!!- Inutile de vous démonter la mâchoire avec ces grimaces, Balandard, vous n’êtes pas drôle du tout. J’ai toujours cherché l’Idéal en amour. Si j’ai été infidèle à certains hommes, c’était par fidélité… à mon Idéal.- Visez un peu le sophisme! On voit que madame a lu de la philosophie… (…)
– Mais…
– Ja-loux. Cesse-là, mon petit. Tiens, je t’aime quand même … je te bige et te rebige. Et toi… aime-moi » p.106
Adieu, pays de Sand. Je reviendrai…
Oh mais quelle délice de découvrir ces photos ! Votre livre : je vais le lire ! Un jour dans la bibliothèque de ma ville je suis allée chercher une biographie de Georges Sand. Je lisais les correspondances de Flaubert (j’adore cet homme si sensible et j’aime lire les biographies encore plus que les œuvres elles mêmes ) et j’ai eu envie de la connaître. Quelle surprise ! J’ai avalé ce livre ! Quelle femme !!!! Quelle force et quelle intelligence ! J’ai pleuré en lisant sa biographie. J’ai imaginé la scène de sa mort qui a du être horrible et là je vois son lit… Quelle injustice j’ai ressenti ! Je n’ai toujours pas osé lire les dernières pages des correspondances de Flaubert, je ne veux pas qu’il meurt lui aussi….
14 mars 2016 à 15:42